
Démocratie, soulèvements et crise de régime en France
Andrea DI GESU , Alain BERTHO
Mercredi 4 Juin 2025
18h-20h30, MSE, Salle 114, première étage
Intervenant.e.s
Andrea DI GESU
Alain BERTHO
Résumé de l’intervention d’Alain Bertho
La politique entre le corps et la matrice
Notre siècle est à la fois celui du basculement numérique de la communication, du capital et du pouvoir et de l’émergence massive des corps dans les soulèvements combattant ces formes contemporaines de domination. Face à la répression violente des corps par le capital, à l’entropie de la « Matrice », il n’est pas d’autres politique que de faire « corps commun » pour porter les exigences d’humanité.
Résumé de l’intervention d’Andrea Di Gesu
Démocratie non-souveraine. La Démocratie radicale au-delà de l’hégémonie et de la biopolitique
Parmi les principaux thèmes au cœur des mouvements sociaux qui, à partir de la crise économique de 2008, ont constitué la dernière vague mondiale de contestation de l’ordre néolibéral, celui de la démocratie occupe une place centrale. Du mouvement Occupy aux Indignados espagnols et, plus tard, aux Gilets Jaunes, ce grand cycle de mobilisations a conjugué une critique des inégalités engendrées par le système néolibéral avec une revendication de « démocratie réelle », dénonçant la crise des institutions démocratiques libérales. Sur le plan théorique, cette revendication démocratique a été interprétée à partir de deux modèles opposés, correspondant aux deux principales théories contemporaines de la démocratie radicale : d’un côté, comme la nécessité de repenser la démocratie en termes de construction hégémonique d’un peuple (Laclau, Mouffe) ; de l’autre, comme une forme biopolitique de la multitude, déterminée par les modes d’organisation du travail dans le capitalisme contemporain (Hardt, Negri). Parmi les nombreuses critiques réciproques que ces deux couples d’auteurs se sont adressées au fil des années, deux se révèlent particulièrement significatives. Laclau et Mouffe accusent Hardt et Negri d’évacuer complètement de leur cadre théorique la dimension politique et organisationnelle, en concevant la dimension démocratique de la multitude comme une caractéristique qui lui serait propre, naturelle, voire spontanée. Ces derniers, de leur côté, accusent les premiers de remplacer entièrement la classe par le peuple, concevant ainsi un sujet politique totalement détaché de toute détermination socio-économique. L’objectif de cette intervention est de fournir quelques éléments de réponse à une question qui découle directement de cette série de critiques croisées, et que l’on pourrait formuler ainsi : comment penser la démocratie avec la classe sans pour autant présupposer en celle-ci une démocraticité spontanée ? Comment articuler le facteur de classe avec la dimension politique de l’organisation ? Pour ce faire, nous proposerons une interprétation originale du concept de démocratie radicale en termes de démocratie non souveraine, esquissant ainsi les linéaments d’une alternative possible à la dichotomie entre hégémonie et biopolitique qui a longtemps dominé le débat sur la question.