Régimes de guerre, hégémonie et classes sociales

Raul SANCHEZ CEDILLO ; Stefano PALOMBARINI

Mercredi 30 Novembre 2022

18h-20h30, MSE, Salle 114, première étage

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La troisième séance du séminaire Capitalisme cognitif 2024-2025 aura lieu le mercredi 13 novembre 2024 de 18h à 20h30 à la MSE, salle 114, première étage.

La troisième séance du Séminaire Capitalisme Cognitif prolonge la discussion sur la conjoncture de guerre dans le capitalisme contemporain. Après l’avoir abordée sous l’angle juridique lors de la première séance, puis économique lors de la deuxième, cette séance explorera ce que certains observateurs appellent désormais le « régime de guerre » à l’œuvre dans l’espace européen, son hégémonie politique, ainsi que les contradictions et les espaces de lutte sociale qu’il pourrait ouvrir. Nous aurons le plaisir d’accueillir Raúl Sánchez Cedillo et Stefano Palombarini.

Raúl Sánchez Cedillo : Le régime de guerre ecosystémique ou la mise-en-guerre du commun

L’actualité politique semble confirmer la thèse selon laquelle le fascisme et la guerre moderne forment une unité symbiotique. À cet égard, la notion de « régime de guerre », par lequel je propose d’analyser une conjoncture historique de plus en plus marquée par un chaos éco-systémique, soulève plusieurs interrogatifs. D’abord, le concept de « régime de guerre » permet-il de reconstruire une théorie des cycles économiques qui ne réduit pas la crise climatique et les antagonismes géopolitiques au statut de simples facteurs exogènes ? Sommes-nous entrés de plein-pied dans un néo-keynésianisme militaire capable d’englober le « keynésianisme des actifs financiers » qui a caractérisé, sous différentes formes, la période du Washington Consensus ? Agissons-nous dans un temps où la guerre s’oppose à la révolution ou, à l’inverse, les deux pourraient s’articuler ?

Raúl Sánchez Cedillo est activiste, essayiste, membre de la Fundación de los Comunes à Madrid, traducteur et collaborateur permanent de Canal Red. Il est l’auteur, entre autres, de Lo absoluto de la democracia (2021) et de Esta guerra no termina en Ucrania (2022).

Stefano Palombarini : Régimes politico-économiques de guerre et blocs sociaux

Le paysage politique en trois blocs qui a caractérisé la dernière présidentielle est en train d'évoluer rapidement. Les européennes et les législatives ont montré une extrême-droite en sensible progrès et un bloc bourgeois en crise verticale, alors que la gauche de rupture garde sa surface mais peine à progresser. Pour analyser ces évolutions, il est nécessaire de différencier la dimension idéologique et celle plus directement politique du conflit social. Sur le plan idéologique, la stratégie du RN s'inscrit, comme celle macroniste, à l'intérieur de l'univers néolibéral. Mais les promesses trahies du néolibéralisme avantagent, à l'intérieur de ce paradigme, la stratégie autoritaire et identitaire, qui fait du racisme structurel une ressource politique. L'extrême-droite est donc destinée à dominer l'espace néolibéral; pour la contraster, la gauche de rupture se doit d'engager un combat d'ordre hégémonique. C’est aussi l’un des enjeux fondamentaux pour s’opposer à l’actuel enlisement dramatique dans un régime economico-politique de guerre.

Stefano Palombarini est maître de conférences en économie à l’Université de Paris 8 Saint-Denis et membre de l’Institut La Boétie. Il est l’auteur, avec Bruno Amable, de Où va le bloc bourgeois (2022) et de Blocs sociaux et domination. Pour une économie politique néoréaliste (2024).

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